Une heure plus tôt, la place était des plus calmes. Un silence pesant régnait alors que le vote du référendum allait bientôt prendre place. Mais à travers le silence cassant, des bruits succincts se firent entendre. Ce bruit était celui des hadrianiens qui sortaient de leurs maisons où ils étaient retranchés par crainte de la prochaine escarmouche, qui accouraient au bord de la route qui menait à la Place Royale, où un prestigieux convoi s'avançait. Ce convoi, c'était en fait le Maréchal Brogenberg, entouré de ses fidèles partisans. Eux marchaient autour de lui, qui s'avançait majestueusement sur son cheval. Les bruits de pas et d’interrogations s’estompèrent et furent éclipsés par les acclamations et les chants de ralliements entonnés par la foule sur le passage d’Augustin. Les passants s'arrêtèrent pour suivre son passage, les riverains s'agglutinaient autour de la route pour assister au passage du glorieux Maréchal, leader du camp des royalistes et dernier grand homme apte à restaurer la grandeur du Royaume.
Rapidement, les passants curieux furent des centaines, et ils furent des milliers lorsque le Maréchal arriva à la Place Royale et descendit de sa monture blanche, le soleil baignant la Place d’une chaleur qui réchauffaient les cœurs des témoins de ce spectacle. Il se mêla aux gens, serrant des mains, recevant des fleurs de jeunes enfants admiratifs devant la grandeur du Maréchal, enlaçant des femmes qui avaient perdus leurs pères, leurs maris, leurs fils aux mains des rouges, pendant que ses partisans montaient une petite estrade et le micro depuis lequel il s’adresserait aux hadrianiens.
Il quitta son bain de foule, s’avançant devant le micro, et les acclamations de la foule se calmèrent pour laisser la parole à celui qui allait les sauver. Lorsqu’il fut prêt, l’ensemble de ses partisans en uniforme, en rang serré derrière lui, marquèrent le pas et saluèrent leur Maréchal avant que celui-ci ne prenne la parole.
- " Hadrianiens, hadrianniennes, soldats de toute la péninsule,
Depuis maintenant un an, notre Royaume est la proie à la guerre, face à des ennemis de l’intérieur comme à l’extérieur. Nous avons perdu tant de nos maisons. Nous avons perdu tant de nos compatriotes. Nous avons perdu tant de nos enfants, surtout.
Mais la guerre vous offre une trêve. Une trêve pour discuter et tenter de nous mettre d’accord sur ce que nous voulons pour l’Hadrianie. Parce qu’avec tant d’incertitude, avec tant de chaos, comment en être sûr, quand on a plus aucun grand dirigeant à qui se fier ?
Mais ça n’est qu’une trêve. Ca n’est qu’une trêve parce que les révolutionnaires ne respectent ni l’honneur des combattants, ni la dignité dans la défaite. Parce que s’ils perdent ce référendum, ils se rebelleront et poursuivront leurs massacres contre nos compatriotes. Et parce que s’ils gagnent, ils abattront tous ceux qui s’était opposés à eux. Ça n’est certes pas rassurant comme perspective d’avenir. Et on pourrait être tenté de laisser la peur prendre le dessus sur la raison face à ce choix terrible qui incombe à chaque bon hadrianien, combattant ou innocent, et ainsi laisser le loup entrer dans la bergerie sans résister. Mais je suis votre Maréchal. Je suis là pour que vous n’ayez pas à laisser la peur des représailles terroristes dicter vos actions.
Et je vais donc rappeler à chacun d’entre vous pourquoi vous pouvez nous faire confiance. Pourquoi faire confiance en la Régence ? Pourquoi la Couronne, pourquoi la monarchie, et pourquoi pas la République ? Pour cela, il nous faut revenir à ce qu’a été notre Roi pour nous. Et rappeler pourquoi aucune nation de ce monde n’a choisi la République quand elle avait la possibilité de choisir un Roi pour la diriger. Pourquoi nous ne pouvons faire confiance à une République telle qu’édictée par les agitateurs d’Ackermann et ses complices.
Souvenons-nous de feu notre Roi, Herri Ier. Ayons une pensée pour lui. Le Roi Herri a été celui qui a fait de notre pays un grand Royaume unifié. Qui a construit les fondements de notre État et de la nation. Qui a permis aux politiciens de s’amuser à réformer tout en garantissant la stabilité et l’inviolabilité de notre nation. Celui qui se posait en rempart contre toute. Il a fallu que celui-ci tombe pour laisser la porte ouverte au chaos. J’ai été là car comme Maréchal d’Hadrianie, c’est mon devoir de protéger notre nation et notre peuple. Je suis fier d’officier dans les rangs d’hommes qui sont prêts à verser leur sang pour empêcher celui des hadrianiens de couler. Et le premier des soldats d’Hadrianie, celui qui a été notre père et notre commandant pendant les heures de doute et d’incertitude, c’était notre bon Roi. A sa mort, nous étions tous orphelins. Mais nous avons su trouver dans nos rangs un frère d’armes apte à préserver l’intégrité contre ceux qui profitaient de l’opportunité pour répandre le chaos, la mort et la désolation à travers le pays.
La beauté de la monarchie, c’est qu’un Roi peut mourir, et vive le Roi ! La Couronne continuera, et restera à jamais préservée. Un enfant peut être Roi, un impotent peut être Roi, mais la Couronne sait trouver un moyen de préserver la Nation - et la Couronne finit toujours par rappeler au trône le plus illustre de tous les Hadrianiens.
Un Président peut mourir, et avec lui tout s’effondre. Lorsque les communistes ont assassinés le premier ministre modéré, aucun de ses partisans ne s’est levé pour défendre l’équilibre des pouvoirs entre le Parlement et la Couronne. Mieux, certains se sont levés pour soutenir ceux qui l’ont lâchement assassiné.
Lorsque le Roi est mort, nous nous sommes tous levés. Le Roi est notre patrie, son règne est notre liberté. Tant que nous aurons un Roi, tant que celui-ci restera le maître de la nation, il n’y aura jamais plus en Hadrianie de faiblesse si forte qu’elle pourra menacer l’unité de notre peuple.
Un Roi est né pour régner, son sort est lié à son titre et à son pays. La monarchie, c’est le régime de ceux qui naissent et meurent sans aucun autre idéal que celui de la grandeur de leur pays et le bien des leurs. La monarchie, c’est le régime des soldats prêts à mourir pour la défense de leur patrie. De ceux qui seraient prêts à se sacrifier pour protéger leur femme, leurs enfants, leurs terres, et préserver l’avenir de l’Hadrianie. Hadrianiens, nous sommes tous des soldats !
La République voulue par de riches notables formés à l’étranger est un mirage, elle n’est qu’une façade pour que notre pays soit méthodiquement, bout de terre par bout de terre, politicien par politicien, institution par institution, bradé aux rouges de l’Internationale. Votre pays ne les intéresse pas, du moins pas davantage que le pouvoir et l’argent. Et le pouvoir et l’argent, quand ils finissent de vous le prendre à vous, ils vont le chercher auprès de leurs maîtres étrangers. Ainsi avance la corruption de notre État. La République est un pas supplémentaire vers cette corruption. La République est la raison pour laquelle les rouges sanguinaires s’en sont pris au Roi et à la Couronne.
Pourquoi tuer un Roi ? Parce qu’avec un Roi, pas besoin de République. Rappelez-vous qu’il nous a fallu un Roi pour devenir la grande nation que nous sommes. Qu’il nous a fallu un Roi avant d’avoir toute institution. Quelle République nous aurait permis tant de grandeur ?
Et parce que sans Roi, sans Couronne pour préserver l’intégrité de notre nation, il n’y a plus de rempart contre l’importation du socialisme.
Le socialisme, c’est le règne de l’anarchie. C’est l’interdiction de venir en aide à ceux qui subissent la fureur d’une masse manipulée par des prophètes de l’anéantissement. C’est l’apothéose de ceux qui appellent ouvertement à une invasion armée de notre pays, qui en appellent au meurtre de nos soldats, à l’anéantissement de nos villages, à la tyrannie d’une domination étrangère. Nous nous sommes unifiés pour devenir une puissante nation, pas pour devenir une puissance vassale.
Rappelons-nous pourquoi la guerre a pris fin : parce que l’Union de Novgrad menaçait de faire venir des centaines de milliers d’hommes sur nos terres. Ce jour-là, nous avons mis de côté le combat juste que nous menions parce que la soif de pouvoir des révolutionnaires menaçait jusqu’à l’existence même de l’Hadrianie et des Hadrianiens.
Mais le combat se poursuit. Il se poursuit à travers les urnes. Dans une grande guerre, il n’y a pas de petite bataille. Il n’y a jamais de combat vain, il n’y a pas de sacrifice insurmontable. Notre honneur de soldats nous a dicté de faire le nécessaire pour préserver la nation. C’est une bataille que nous avons perdu. Mais la bataille pour le maintien de la monarchie, l’établissement de la Régence et la restauration de la Couronne, nous le gagnerons avec plus d’éclat et de splendeur que jamais les terroristes en rouge n’en seront capables. Nous réaffirmerons que les Hadrianiens sont les maîtres en leur territoire. Et à ce moment là nous commencerons à vaincre. Le combat se poursuivra jusqu’à ce que la grandeur de l’Hadrianie soit rétablie, et que la Couronne soit restaurée dans son droit et dans son prestige !.
Pour le Roi, pour la Régence, pour l’Hadrianie. Nous marcherons droit ! Gloire et honneur !
Vive la Nation ! Vive l’Hadrianie ! Vive le Maréchal ! Vive le Roi ! "