Cottage de la famille Vonsterinn

[Robin Vonsterinn]

Cottage du vieux chêne
44, route du Commandant Lorentz

Le cottage du vieux chêne, résidence d'enfance du patriarche Rogier Vonsterinn et principale demeure familiale de sa famille, était désormais une des résidences secondaires de l'actuel Président du Gouvernement Robin Vonsterinn, ainsi que la résidence permanente de sa femme, Eleonore, où les deux se retrouvaient à l'écart de l'agitation de la capitale et du centre-ville de Pienval.

[Robin Vonsterinn]

Depuis son investiture en juillet dernier de l'année dernière, Robin n'avait passé qu'assez peu de temps au siège du gouvernement. En fait, il s'était replié assez rapidement sur le cottage familial, où sa femme résidait à l'année.

Sa femme, Eleonore, était des plus instables. Le médecin personnel de la famille, qui l'avait surveillé pendant toute la campagne de Robin, n'avait eu de cesse d'ajuster son traitement, mais rien n'y faisait, et les crises d'Eleonore s'intensifiait davantage à mesure que le temps passait. Il faut dire que seule, loin de son époux et de son fils, et incapable de quitter seule la propriété, elle se sentait dépérir.
Cela faisait donc un an que Robin s'était tenu à l'écart du gouvernement pour prendre soin de sa femme. Au cours de ses crises chaque semaine plus nombreuses, elle s'était mise à lui reprocher la situation, et à l'accuser de la maintenir captive à cet endroit, et d'empêcher son fils de venir la voir. Entre chaque crise, qui se terminait souvent par Robin administrant des calmants à Eleonore et l'amenant au lit, Robin s'adonnait à son ancien hobby, la chasse. Il chassait depuis qu'il était petit avec son père, mais il n'avait pas su transmettre cette passion à son fils, Nicholas, lequel avait pris ses distances avec son politicien de père. Si les parties de chasse entre camarades du Parti Radical avait permis à Robin de progresser dans la hiérarchie interne, c'était désormais son seul plaisir en solitaire, qu'il s'offrait dès qu'il en avait l'occasion - ou dès qu'il ressentait le besoin de s'éloigner de son gouvernement et de sa famille.

C'était au cours d'une de ses nombreuses sorties matinales en compagnie de son voisin et ami dans le terrain de sa propriété que son Secrétaire particulier, Gerald, vint le voir, lui apportant des nouvelles de la capitale. Il accourait vers lui, tandis que Robin s'adonnait à du tir aux pigeons d'argile.

Monsieur le Président ! Monsieur le Prési...

PULL !

Un pigeon d'argile vola et une détonation retentit, tandis que Gerald, surpris, mit les mains à sa tête.

Bon, ce sera pour le prochain tir... Gerald ? Que se passe-t-il ?

Monsieur le Président, nous avons des nouvelles plutôt inquiétantes. Un ouvrier est mort et une grève générale semble se profiler. Votre directeur de cabinet souhaiterait vous voir au plus vite.

Bien, bien... Dites à Dimitri que je serais là d'ici ce soir.

Tout de suite monsieur. Dois-je faire appeler l'escorte ?

Non... Non, ça ira. Je préfère ne pas rameuter toute la garde ici. Vous pourriez rester déjeuner ici, Gerald, et nous prendrons la route plus tard avec votre véhicule.

Je... je ne sais pas Monsieur.

C'est votre Président qui vous le demande, Gerald. Quoi, vous avez peur de ma cuisine ?

Il ria nerveusement.

Vous avez droit à une pause, Gerald. Surtout vu ce qui nous attend. Retournez à la résidence, le Dr Schaeffer vous fera entrer.

Gerald s'exécuta timidement. Il allait être temps pour Robin d'assumer ses responsabilités, et il se doutait que son année sabbatique risquait de lui coûter en crédibilité devant les députés. De vrais vautours, libéraux, conservateurs ou radicaux, pensa Robin. Ce n'était vraiment pas le moment pour une crise.

PULL !

Un autre pigeon d'argile vola et une détonation se fit entendre, alors que le pigeon retombait intact. Robin soupira. Il n'était pas habitué à rater ses tirs. Voilà ce que c'est, d'être vieux et fatigué, pensa-t-il. De ne plus être dans le coup, comme lui avait dit son fils.